A l’écoute du communiqué du GTPS (Groupe de Travail des Présidents et des Signataires) réuni samedi matin à Paris pour examiner la situation du nickel en Nouvelle-Calédonie, le Président du gouvernement a du être contrarié.

« Facilitation des exportations de nickel », « Sauvetage de la SLN ». Tout le contraire de ce que le gouvernement a mis en oeuvre en bloquant les exportations de minerai pauvre vers la Chine, les demandes d’augmentation des exports vers l’Australie, la demande d’exportation supplémentaire de la SLN vers son client japonais traditionnel. Il faut ajouter les « misères » faites à la SLN, brocardée pour « son pillage » des ressources minières locales, la lenteur des procédures relatives à feu son projet de construction d’une nouvelle centrale électrique, les pressions pour que la Calédonie y devienne majoritaire avec 51% du capital. Et le reste.
Philippe Gomes a lui même sacrifié sur l’autel du consensus pour sauver le coeur de l’économie calédonienne et quasiment se rallier à la ligne préconisée par Pierre Frogier. Assurément poussé par l’ampleur de la crise que Calédonie Ensemble avait mal évaluée.
Le communiqué final est en tout cas une bonne nouvelle pour l’économie calédonienne, malmenée depuis plusieurs mois, et qui traverse une crise qui s’annonce comme sans précédent.
Le communiqué évoque « un programme d’urgence pour les exportations de minerai ». Pour passer à l’acte, il faudra donc que le gouvernement se réunisse « d’urgence » pour accorder les autorisations sollicitées depuis plusieurs mois par les entreprises minières indépendantes et la SLN.
Quant à Eramet, dépouillée d’une grande partie de sa capitalisation boursière, souffrant en trésorerie, elle sera réconfortée moralement par cette unanimité des décideurs calédoniens qui contraste singulièrement avec les ennuis et les critiques menaçantes qu’elle enregistrait depuis plusieurs mois au travers de la SLN.
Mais pour ce qui concerne la nouvelle centrale électrique, il reste évidemment à trouver le financement d’une centaine de milliards FCFP. Ce n’est pas l’Etat qui est directement actionnaire dans le capital d’Eramet, mais sa société de participations. Un bon geste pourrait donc être annoncé lors de la visite de Manuel Valls.
Mais au fond rien n’est réglé pour autant puisque c’est le marché et la Bourse qui dictent la situation économique et financière. Rien n’écarte la menace que certains disent imminente, voire en cours, du retrait de Glencore de KNS. Personne ne peut préjuger les décisions de Valé si le marché poursuit sa dégradation. Quant à QNI, si des commandes de latérites ont été passée pour le premier trimestre, rien ne peut aujourd’hui garantir la pérennité de l’usine de Yabulu.
Mais tous peuvent se réjouir du retour consensuel des responsables politiques calédoniens dans une forme de rationalité économique, au moins dans le secteur du nickel.
C’était à Paris. Reste à l’acter à Nouméa.