Ivan Glasenberg, le patron de Glencore a prévenu : « nous ne sommes pas mariés avec KNS ». Depuis cette déclaration, le marché s’est dégradé. Pire, plus personne n’espère une remontée des cours en 2016, condamnant la quoi totalité des usines à produire à perte. Et pire encore, une amélioration de cette conjoncture sans précédent n’est plus attendue avant plusieurs années.
Le LME vient d’ailleurs de lancer un cri d’alarme pour que les producteurs de nickel réduisent ou même cessent leur activité en raison des stocks existants.
Une situation dramatique dans laquelle Glencore ne peut survivre qu’en cédant des actifs. KNS est dans la ligne de mire de certains investisseurs. Complications.
INSOUTENABLE POUR GLENCORE
Ce n’est plus un mystère : avec le redémarrage du second four de KNS et l’arrêt du premier jusqu’à une amélioration des cours, la rentabilité économique de l’usine est compromise. Les analystes de Wood Mackenzie (source Caledonickel) « estiment pour leur part que le coût de production de KNS pour 2015 serait de 33.000$ la tonne, ce qui serait insoutenable pour Glencore ». Nous y sommes.
Il faut ajouter à ces déboires le montage et l’indexation de la dette junior sur les cours du nickel qui sont une mauvaise affaire pour le géant anglo-suisse. Aujourd’hui, les perspectives de dividendes sont reculées bien au delà de 2020 … Quant à la SMSP, ces résultats ne seraient profitables que vers 2040. La société locale est d’ores et déjà sûre d’avoir des lendemains difficiles. Avec ses 51% du capital, elle n’a financé que 3,5% du cout de l’usine grâce à un prêt de 26,7 milliards de francs, le reste ayant été pris en charge par Glencore avec, naturellement, une obligation de remboursement.
Le coût de l’installation étant passé de 400 milliards FCFP en 2008 à 850 milliards FCFP, aujourd’hui l’usine produit, à défaut de sa capacité nominale, des chiffres qui donnent le vertige.
Dans le contexte mondial, Glencore joue aujourd’hui sa survie.
GLENCORE A CÉDÉ DES ACTIFS NICKEL
Le géant dont la capitalisation boursière a dramatiquement fondu, s’est déjà débarrassé d’actifs nickel hérités de la fusion avec Xstrata. Comme KNS.

Il a cédé le projet nickel de Sipilou en Côte d’Ivoire à un repreneur dont l’identité est demeurée secrète. En revanche, l’usine et le domaine minier de Falconbridge Dominica (Falcondo) en République Dominicaine ont été rachetés par American Nickel limited. Ce dernier appartient à Global Spécial Opportunities Limited, un fonds d’investissement créé en 2009. Et dont la force de frappe se chiffre par milliers de milliards FCFP !
GLOBAL SPECIAL OPPORTUNITIES, AMERICAN NICKEL, KOSOVO ET MACÉDOINE
Les associés de Global Special Opportunities se retrouvent dans un myriade d’autres sociétés dont certaines contrôlent des usines de nickel au Kosovo et en Macédoine. Et dont quelques experts assurent qu’elles sont rentables. Ils lorgnent également certaines mines de nickel au nord de la Grèce. Leurs visées vont au delà de la crise actuelle, au delà d’une dizaine d’années, et ils tablent sur une appropriation mondiale de gisements de nickel dans un but financier et spéculatif.
Certes, des rumeurs concernant la reprise des 49% de KNS font état du sud coréen Posco ou encore d’un géant chinois.
Mais en octobre dernier, le media stratégique Intelligence Online laissaient clairement entendre que le prochain objectif d’American Nickel, et donc de Global Spécial Opportunities serait KNS et ses formidables ressources minières. Ce temps est probablement venu.
2 SITES BRÉSILIENS VONT FERMER ET UN AUSTRALIEN EN DIFFICULTÉ
Entre le 1er février et le 1er mai, au Brésil, Votorantim Metals, 2ème groupe après Vale, arrêtera la production des sites industriels de Niquelandia et de Sao Miguel Pauliste, à 200 km de la capitale Brazilia, en dépit d’une gestion rigoureuse et d’optimisation des coûts de production. Jusqu’à ce que les conditions de marché des métaux permettent la reprise de l’activité. Selon les syndicats en état de choc, 1.600 emplois directs et de sous-traitant vont ainsi disparaître.
Les ennuis du groupe brésilien vont impacter directement le producteur australien Mirabela Nickel à qui il fournissait des concentrés. D’autant que Mirabela est en redressement judiciaire.
Mais avec 43.000 tonnes de moins sur le marché, et une légère amélioration des commandes de la Chine, les cours ont légèrement frémi. Pas suffisamment, cependant, comme en témoigne l’appel du LME. A cela, une raison toute simple : les stocks atteignent aujourd’hui 448.000 tonnes.