SELON DES EXPERTS, GLENCORE PREPARE LE TERRAIN AVANT DE QUITTER LA CALEDONIE

Capture d’écran 2015-12-12 à 19.10.40Il s’agit d’un échange de propos entre un investisseur et le PDG de Glencore, Ivan Glasenberg. L’investisseur le rapporte au « Bulletin Nickel », considéré comme la Bible du marché du métal et de l’acier. On ne peut évidemment imaginer que cet investisseur ait livré la teneur de son échange sans avoir reçu l’aval du patron de Glencore. Coup de gueule ou intention dévoilée ? Commentaires.

DES PROPOS EXPLOSIFS
Le personnage d’abord. Ivan Glasenberg n’est ni un tendre, ni quelqu’un qui s’exprime pour ne rien dire. Ce sud-africain, qui possède plusieurs nationalités dont celles de Suisse, d’Australie et d’Irael, est hors norme. Ancien champion de marche athlétique, expert comptable puis MBA obtenu au USA en poche, il intégre Glencore en 1984. Gravissant les marches du pouvoir, achetant un gros paquet d’actions de la compagnie, il en devient le PDG en même temps que l’homme le plus riche au monde dans la communauté du négoce. Car faut-il le rappeler, Glencore est un géant du négoce en même temps qu’un industriel.

Qu’a-t-il confié, et qui est rapporté par le très sérieux Bulletin Nickel ?

« Les gens (Vale et Eramet ndlr) ont une hémorragie de cash. Ce ne sont pas des petits montants, et tout continue. Nous, nous ne comprenons par cela. Nous ne comprenons pas pourquoi les gens ne réagissent pas comme nous. Mais les autres compagnies poursuivent leurs exploitations en priant pour que les cours s’améliorent ».

S’agissant du Koniambo qui était dans la corbeille de Xstrata, Glasenberg n’y va pas par quatre chemins. Outre Mer 1ère rapporte ses propos : «  je pense qu’à l’avenir nous devons nous abstenir avec des réalisations qui nous coûtent autant et ne respectent pas leurs objectifs. Le Koniambo est le premier de cette catégorie » puis « Nous regarderons le marché du nickel et nous verrons ce que nous pouvons faire pour baisser les coûts de l’usine du Koniambo. Ensuite, nous ferons marcher un four, puis le second, mais uniquement si nous sommes certains d’être rentables. Alors nous irons de l’avant »…

 Et de préciser : « Mais si jamais le four ne marche pas, nous partirons de cet endroit » tout en poursuivant, pour qu’aucune équivoque ne puisse subsister « nous ne sommes pas mariés avec le Koniambo ».

DANS QUEL BUT ?
Que penser de ces « confidences » aimablement rapportées à « la Bible » du marché du métal ?

A l’évidence, ce n’est ni le fruit du hasard, et d’ailleurs, Glencore s’est bien gardé de démentir. Mais si ce n’est pas le fruit du hasard, compte tenu de la crédibilité du Bulletin Nickel, il s’agit bel et bien d’une publication organisée.

Le seule question qui se pose est alors : dans quel but ?

imagesIvan Glasenberg confie, dans les propose rapportés, que, s’agissant des cours du nickel, « ce n’est ni le style ni l’intention de Glencore d’attendre des jours meilleurs ». Il ne peut être plus clair.

D’abord, en direction du marché, il indique que Glencore n’hésitera pas à se séparer de son usine de Nouvelle-Calédonie si la profitabilité n’est pas au rendez-vous rapidement. Ce faisant, il rassure les bourses dans la course engagée pour réduire le désendettement de la multinationale suisse.

D’ailleurs, selon Reuters, jeudi dernier 10 décembre, « l’action Glencore bondissait vers 10h45 GMT de 10,3% à 91,42 pence, signant la plus forte hausse de l’indice Stoxx 600 ».

Ensuite, tout laisse à penser que les recherches d’économies pour l’exploitation du site de KNS se poursuivront de manière drastique, et que Glencore n’y procédera à aucun investissement.

Mais si les cours du nickel demeurent durablement bas, sans perspective de rentabilité de KNS, l’hypothèse d’une cession de cet actif coûteux ne peut désormais être écartée.

Selon Outre Mer 1ère, deux experts européens, contactés, estiment d’ailleurs que « Glencore prépare le terrain avant de quitter la Nouvelle-Calédonie ».