
Jean-Claude Briault, appuyé par les élus Les Républicains du Conseil municipal de Nouméa, a déposé un vœu demandant « l’intégration de la Ville de Nouméa au développement touristique de la Province sud ». Est-ce à dire que la capitale en était exclue ? Eclairage.
LES ASSISES DU TOURISME DE 2005 ET LE PDTCNC
Le 19 octobre 2006, rappelle le texte dans l’exposé des motifs, l’Assemblée de la Province sud adoptait le Plan de Développement Touristique Concerté de la Nouvelle-Calédonie.
Cette délibération faisait suite aux Assises du Tourisme de 2005 organisées par la Province sud. Les participants à cette réunion établissaient un constat et fixaient des objectifs ambitieux :
« Les Assises du Tourisme ont bien posé l’enjeu du développement touristique de la Nouvelle-Calédonie :
– faire du tourisme une filière économique à part entière,
– en faire un secteur moteur de l’économie calédonienne, alternatif, régulier, durable,
– contribuer ainsi à l’équilibre global du territoire.
A partir de là, 2 voies sont possibles qu’il faudra mener en parallèle – chercher à accroître la fréquentation touristique, qu’il s’agisse de nouveaux clients (new business) ou de fidélisation de clients existants (repeaters),
– chercher à accroître la consommation touristique, en proposant de nouveaux produits (innovation, diversification) et/ou en ajoutant de la valeur aux produits existants (DMS plus longues, enrichissement des offres). ».
2400 CHAMBRES NOUVELLES,
3000 EMPLOIS NOUVEAUX
Le Plan, réalisé par KPMG, indiquait également un délai précis pour l’accomplissement de ce plan, « l’horizon 2015 ». Les objectifs étaient les suivants :
- création de 3000 emplois
- ouverture de 2400 chambres
- plus de 120.000 visiteurs internationaux d’agrément, c’est à dire hors la comptabilisation, par exemple, de nos compatriotes wallisiens et futuniens, pris en compte dans les chiffres de fréquentation touristique
- et enfin l’installation d’une une image de Destination Globale, via une stratégie d’image de marque internationale.
Le PDTCNC établissait des stratégies et des plans d’action dans tous les domaines : hébergements, produits, organisation interne, desserte aérienne international, transports domestiques, marketing et promotion, formation professionnelle. Et même, l’instauration du suivi sous l’égide d’une équipe projet.
Or, explique Gaby Briault, « nous sommes arrivés au temps que le Plan de Développement Touristiques Concerté désignait par « horizon 2015 ». Le constat est malheureusement qu’à l’exception notable du complexe de Gouaro-Déva, tout est resté lettre morte . Tout cela sauf un élément du Plan qui concerne Nouméa. Nouméa, il est vrai, alors administrée par Jean Lèques et son équipe ».
TOUTE LA CALÉDONIE SAUF NOUMÉA
Et de citer les extraits de texte relatifs à Nouméa. « La zone de Nouméa n’est pas à considérer comme immédiatement contributive à la stratégie de Destination. Toute relance immédiate et globale d’établissements nouveaux n’y serait pas pertinente.
« Au contraire, disposant d’un parc (trop ?) important, et récemment enrichi de nouveaux entrants, la ville-centre de Nouméa devra plutôt se concentrer sur l’absorption des capacités nouvelles et sur la rénovation du parc existant. Cette situation pourra être réexaminée à moyen terme. »
Dans le chapitre particulier intitulé : Le rôle de Nouméa dans la politique des hébergements, le PDTCNC indique que « Nouméa, en tant que destination, ne participe qu’indirectement au socle de redéploiement du tourisme de Nouvelle-Calédonie vers le marché international, socle qui concerne surtout l’émergence de sites et de produits hors centre urbain ».
Conclusion, après une analyse « qui ressemble plutôt à un réquisitoire contre Nouméa », estime l’auteur du vœu : « Dans le cadre d’une stratégie de développement touristique international (à vocation mer et loisirs) de la DESTINATION Nouvelle-Calédonie, le « site urbain » de NOUMEA n’est pas directement en « front de ligne » … ».
AUCUN HÔTEL CONSTRUIT DANS LA VILLE
DEPUIS 10 ANS
Conséquences, selon JC Briault : « depuis dix ans, aucun nouvel hôtel ne s’est construit dans notre ville. Dans ce constat, je mets évidemment de côté les rénovations hôtelières. La raison de cette exclusion est simple : en se fondant sur l’exclusion de Nouméa de la stratégie de développement adoptée en 2006, le Ministère des Finances de Bercy a systématiquement refusé les demandes de bénéfice au régime métropolitain de défiscalisation dès lors que le projet se situait dans notre ville ! »
Il rappelle les tentatives infructueuses concernant les projets de Sofitel à la Promenade, et d’Intercontinental à la pointe Magnin, projets auxquels les investisseurs ont du renoncer.
L’objet du vœu est donc, pour le conseiller Les Républicains, « de mettre fin à cette condamnation et de demander à la Province sud que la ville de Nouméa soit désormais considérée comme étant une zone indissociable d’une stratégie de développement touristique de la Province sud et qu’à ce titre, elle puisse être à nouveau éligible à l’ensemble des dispositifs de défiscalisation ».
DAVANTAGE D’HÔTELS,
DAVANTAGE DE TOURISTES
Pour lui, en effet, le développement touristique, et donc la création d’emplois, passe par une augmentation du parc hôtelier dont il souligne la régression : moins de chambres au Méridien, fermetures d’unités au Ramada, au Hilton, et fermeture du Surf. A la question : « faut-il de nouveau hôtels alors que des chambres sont actuellement disponibles », il souligne 2 points. Le premier est qu’en cas de levée de « l’embargo sur Nouméa », il faudra entre 3 et 4 ans pour l’ouverture éventuelle de nouveaux hébergements. Le second, selon lui, c’est qu’on ne peut pas concevoir un développement touristique sans développement des hébergements. « Davantage d’hôtels, dit-il, c’est davantage de touristes ».