CALÉDONIE : BUDGET DE CRISE POUR 2016

 

Le projet de budget 2016 de la Nouvelle-Calédonie, qui comprend celui de la Nouvelle-Calédonie « en propre », celui des provinces, des communes et des établissements publics doit être déposé le 15 novembre au terme de la Loi Organique. Ce ne sera pas le cas. Motif : une clarification de présentation pour faire apparaître le budget des missions relevant du seul gouvernement, et surtout une situation des rentrées fiscales délicate. En cause : la situation économique dégradée. Commentaires.

L’argent ne pousse pas dans les arbres, fussent-ils endémiques à la Nouvelle-Calédonie ! Les élus du congrès auront donc, pour l’exercice 2016, à ne prendre en compte que les recettes estimées d’une situation économique plus proche du marasme que de la flamboyante croissance.

DEFICIT DE PLUSIEURS MILLIARDS

images-2De fait, la situation de trésorerie a commencé à se dégrader dès 2011. Au troisième trimestre 2013, elle était insuffisante pour payer les dépenses à mandater ! Les services ont donc du procéder à de « la cavalerie », faisant trainer des règlements et proposant un emprunt de trésorerie auprès de l’Agence Française de Développement.

Quant à la situation budgétaire, elle était « réglée » en deux temps pour répondre à l’insuffisance de recettes inscrites au budget primitif : la plus grande partie inscrite au budget primitif et … le solde au budget supplémentaire.

A présent, les chiffres sont inquiétants. Pour 2014, le budget propre de la Calédonie accusait un déficit de 4,2 milliards. Avant les derniers arbitrages, celui de 2015 affichait une impasse de 8 milliards, chiffre qui pourrait croître dramatiquement pour 2016. Certains évoquent même un risque de cessation de paiement pour 2017 …

DES RÉDUCTIONS DRASTIQUES

Pour réduire le « trou », des mesures drastiques ont du être imposées aux directions du gouvernement. D’abord, en 2015, la restitution d’une partie des crédits non consommés, et pour 2016, un cadrage imposant une contraction globale des dépenses proche de 20%.

Mais la Nouvelle-Calédonie dépense aussi énormément pour des interventions en tout genre par voie de dotations et de subventions. Certaines d’entre elles dépassent le milliard. Les réductions imposées aux directions vont également impacter des interventions dont la règle était jusqu’à présent une tendance à la hausse. Dans le domaine agricole, notamment, cela risque « de faire mal ».

Cet exercice difficile pour le gouvernement va se solder par le dépôt du projet de budget pour l’année 2016 au début du mois de décembre. Ce sont ensuite les membres du congrès qui devront voter le document définitif, à l’issue, on peut s’en douter, de bien des états d’âme et de quelques modifications.

FAILLITE ANNONCÉE ?

couve LivreL’important sera d’observer les orientations des décideurs. Pour la première fois depuis 25 ans, la Nouvelle-Calédonie se trouve dans une situation économique grave. Cette situation économique sera-t-elle prise en compte, ou bien les élus se contenteront-ils d’ajuster des chiffres au budget ?

Car le nœud gordien est bien la création de la richesse intérieure, laquelle est la seule à alimenter l’essentiel de la ressource budgétaire des collectivités. Tout comme Manuel Valls et le gouvernement socialiste qui scandent désormais « nous aimons l’entreprise », les élus calédoniens vont-ils être capables de placer au cœur des Politiques Publiques la nécessaire croissance des entreprises calédoniennes ?

Si tel n’est pas le cas, les ajustements de chiffres ne seront qu’un cataplasme sur une jambe de bois. Dans un rapport de commission traitant de la construction budgétaire et de la nécessaire clarification de présentation, une spécialiste indiquait que cette construction avait été un élément contribuant « à créer les conditions d’une faillite annoncée ».