Le terme avait été utilisé pour qualifier le projet de Front de Mer attribué à Gaby Briault. En réponse, ce dernier y avait toujours substitué le terme « d’une ambition à la mesure de Nouméa », en faisant observer qu’il s’agissait d’une perspective à 15 ans. Et surtout, d’un financement essentiellement privé. Ce n’est pas le cas du méga-projet de piscine à vague et d’ensemble aquatique de Magenta, qui sera financé sur fonds publics. Pharaonique.
Une simple piscine avait été envisagée par l’équipe de Jean Lèques. Mais l’idée avait rapidement été abandonnée dès les premières estimations financières. Trop cher ! En lieu et place, la construction d’un Centre Socio-Culturel avait été décidée, en faveur des jeunes, des familles et des associations de Magenta, Ouémo et Portes de Fer.
EXIT LE CENTRE SOCIO-CULTUREL
La nouvelle-majorité en a décidé autrement. Exit le Centre Socio-Culturel, dont les appels d’offres étaient prêts à être lancés, au profit d’une animation très « Gold Coast ». Ce centre était pourtant attendu. Destiné à l’animation jeunesse, à l’action parentale, aux liens de cohésion sociale entre les quartiers périphériques, il avait fait l’objet d’une étude approfondie et partagée avec les habitants des quartiers.
Le complexe projeté est d’une toute autre nature. Sans conteste, il représenterait une animation exceptionnelle pour la ville, puisque son attraction devrait dépasser les frontières des quartiers de proximité. Trois questions se posent cependant.
2 MILLIARDS

La première relève du coût de construction. Lorsque l’on se souvient que la piscine de Koutio, certes de 50 mètres et non de 25 mètres avait coûté 1 milliard, on peut s’interroger sur le coût annoncé de 1 milliard pour ce complexe grandiose. Le double paraît plus réaliste.
La seconde concerne les frais de maintenance. Il est couramment admis qu’ils représentent aux alentours de 10% du coût de l’investissement. Autrement dit, quelques 200 millions par an, réduits des recettes qui devront toutefois servir à l’exploitation du complexe. Car celui ci, en personnel de service, de surveillance, d’encadrement spécialisé, ne sera pas … une goutte d’eau dans les piscines.
La troisième concerne la priorité. Certes, suite de campagne oblige. Et puis, l’avantage de la nouvelle majorité sera par ailleurs d’inaugurer les réalisations lancées par l’équipe de Jean Lèques, comme le prolongement de la promenade Pierre Vernier, le Carré Rolland ou encore le Parc de la Rivière Salée.
QUEL PLAN DE FINANCEMENT ?
Mais malgré tout, dans un contexte de crise économique, et alors que l’équipement des quartiers et la sécurité en dégradation relèvent de plus grandes attentes de la ville, le complexe aquatique de Magenta semble quelque peu déplacé.
Reste toutefois à trouver les financements. Celui de l’Etat paraît plutôt hasardeux, avec 700 millions pourtant annoncés. Les autres communes de l’agglomération ont du probablement s’étonner à la fois du chiffre et de la destination de l’aide nationale.
Le projet de budget 2016 de la ville devrait donc dévoiler le plan de financement du complexe de Magenta. Et, à n’en pas douter, donner quelques grains à moudre à l’opposition municipale.