Report de la centrale Doniambo 100 milliards d’investissements en moins

 

« Brut de décoffrage », la décision de reporter la construction de la centrale électrique de Doniambo a pour conséquence de supprimer, pour l’instant, un investissement de 100 milliards FCFP en Nouvelle-Calédonie. En plus des conséquences économiques, cette décision est un révélateur pour les Calédoniens. Explications.

UNE TRES MAUVAISE NOUVELLE POUR LES ENTREPRISES
La richesse d’un pays vient de l’activité de ses entreprises, et plus particulièrement de leur bonne santé financière. Une entreprise qui réalise des profits investit et crée des emplois. La construction de la centrale électrique de nouvelle génération était une aubaine pour tous les corps d’état : construction, second œuvre, fournisseurs, intermédiaires. Une grande partie de l’investissement, c’est à dire plusieurs dizaines de milliards, devait se traduire par des retombées locales.

Image SLN
Image SLN

Désormais, il faut réviser les plans de charge espérés. Cette situation est d’autant plus préoccupante que l’énorme chantier du Médipôle s’achève, et que se clôt le carnet de commandes lié à cette construction.

Difficile de mesurer l’impact négatif du report de la réalisation de la centrale électrique de Doniambo. Mais il est sûr que deux effets sont à prévoir : l’impact direct traduit par un chiffre d’affaires espéré qui disparaît, et l’impact indirect en ce sens que beaucoup d’anticipations d’investissements des entreprises et même des ménages calédoniens est lié à la dynamique de l’activité mine et métallurgie.

UN REVELATEUR
La décision du Conseil d’administration d’Eramet est-elle une réponse du berger à la bergère, suite aux différentes attaques subies par la société par plusieurs acteurs politiques locaux ?

On ne peut nier que la situation économique d’Eramet et de la SLN est aujourd’hui préoccupante pour les actionnaires. Entre 30 et 40 milliards FCFP de pertes pour l’exercice en cours, un cours du nickel en berne, des perspectives plus que floues, il convenait d’arrêter l’hémorragie.

Eramet n’est pas un service public, c’est une entreprise ! Ses actionnaires ont le devoir de protéger la bonne santé, voire l’existence de la société, en la gérant dans le respect de son intérêt. D’ailleurs, un actionnaire qui agirait délibérément contre lesdits intérêts pourrait avoir maille à partir avec le droit des sociétés.

Mais cette décision de gestion économique remet en perspective certaines réalités.

Sur la centrale, d’abord. On peut discuter à l’infini sur les vertus ou les vices de ce nouvel équipement destiné à remplacer une installation obsolète et à améliorer la rentabilité de la SLN, il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui, ces querelles semblent bien futiles. L’investissement n’aura pas lieu. Fin des débats, et chacun peut en mesurer les conséquences concrètes.

Sur la réalité économique ensuite. On voit bien que pour une installation métallurgique de cette ampleur, les pouvoirs publics locaux sont un nain financier. Encore faut-il ajouter que les finances publiques sont « à la ramasse » et que la Nouvelle-Calédonie s’oriente doucement vers un schéma espagnol ou grec*. A charge pour elle de se reprendre d’urgence.

Dans le nouvel espace économique mondialisé, les « doctrines » promouvant la prééminence des acteurs publics ou des collectivités dans les grands appareils de production apparaissent clairement comme une vue de l’esprit.

La décision d’Eramet sera-t-elle de nature à rappeler aux décideurs que le cœur de la vie économique d’un pays, c’est la croissance des entreprises ? Réponse lors du vote des « politiques publiques » par le congrès, lors de l’examen du budget 2016

* Lire « Echéance 2018 – les dangers / Risques d’ersatz de République bananière et de faillite économique/ Plaidoyer pour un modèle de développement économique calédonien » . Chez Calédolivres, As de Trèfle quartier Latin, Géant, Carrefour, librairie Michel Ange.