Pierre Frogier a lancĂ© un pavĂ© dans la mare en portant le conflit rouleurs/gouvernement au niveau dâun choix de sociĂ©tĂ© Ă©conomique et sociale. Exporter un minerai inutilisable en Nouvelle-CalĂ©donie en Chine ou ailleurs, avec en contrepartie le maintien ou la crĂ©ation dâemploi, ou protĂ©ger un futur monopole de sociĂ©tĂ© publique âcomprenant certains intĂ©rĂȘts privĂ©s-, tel et lâenjeu que le SĂ©nateur met en relief. LibertĂ© dâentreprendre et de commercer ou Ă©conomie dirigĂ©e par des politiques et des fonctionnaires, câest la question de fond. Commentaires.
ILS SONT FOUS CES CALĂDONIENS
Quel chef dâune entreprise tournĂ©e vers lâexportation ne se rĂ©jouirait dâune ouverture sur le plus grand, le plus convoitĂ© des marchĂ©s au monde ?
Aucun. Sauf peut ĂȘtre en CalĂ©donie !
Les europĂ©ens, les amĂ©ricains, les australiens, les nĂ©o-zĂ©landais, les japonais font la queue pour y accĂ©der. La monnaie chinoise a un rhume, et câest la planĂšte qui tousse. Les Ă©conomistes observent Ă la loupe lâĂ©volution de la croissance de lâEmpire du Milieu. Cette annĂ©e, les deux chiffres ne seront pas atteints. InquiĂ©tude.
Vue de lâextĂ©rieur, seule la CalĂ©donie est indiffĂ©rente a ce phĂ©nomĂšne qui a transformĂ© le commerce mondial ces dix derniĂšres annĂ©es.
Des marchĂ©s Ă lâexport en Chine ?
Inopportun ? Et peut ĂȘtre mĂȘme dangereux âŠ
Ils sont fous ces calédoniens.
UNE ĂCONOMIE DIRIGĂE ⊠DU NORD
Dangereux pour qui ? Apparemment, pour une seule société, la SMSP. Est-ce bien raisonnable ?
Clin dâĆil de lâhistoire : câest au moment oĂč Cuba, dernier modĂšle dâĂ©conomie totalement dirigĂ©e, est en train de se rĂ©concilier avec les Etats Unis, et inĂ©vitablement avec lâĂ©conomie de marchĂ©, que certains semblent sâinspirer ⊠du modĂšle cubain.
Bien entendu, il est lĂ©gitime que la SMSP possĂšde sa propre stratĂ©gie de dĂ©veloppement. Toutes les entreprises industrielles font de mĂȘme. Quâen revanche, elle veuille lâimposer Ă tout un pays rappelle les pressions de quelques grandes sociĂ©tĂ©s amĂ©ricaines en AmĂ©rique du sud. Dans des circonstances oĂč les intĂ©rĂȘts commerciaux se sont imposĂ©s aux dĂ©cideurs politiques.
Des rouleurs, des exploitants miniers exercent aussi leur activité en Province sud. Ils devront, au terme des prétentions du directeur financier de la SMSP, se soumettre au « modÚle économique » de cette société.
Pierre Frogier a donc raison. « La question posée est celle des valeurs de notre modÚle économique et social ».
IMPORTĂ DE MĂTROPOLE
La CalĂ©donie a Ă©tĂ©, comme nulle part ailleurs dans la RĂ©publique, un pays dâentrepreneurs. Avec parfois, au bout, le succĂšs et la fortune. Le rapport Ă lâargent des calĂ©doniens nâĂ©tait guĂšre français. Il Ă©tait davantage celui que les anglo-saxons entretiennent avec la rĂ©ussite individuelle.
Puis, insidieusement, lâargent est devenu une sorte de gĂȘne pour les hĂ©ros de « success stories », un sujet dâenvie et de jalousie pour les autres. En oubliant trop souvent que lâentreprise, câest miser ses propres fonds, prendre des risques personnels, et non dĂ©penser les impĂŽts des contribuables, et faire supporter les risques Ă©ventuels par les collectivitĂ©s.
Avec des gouvernements de gauche comme de droite, la France sâest progressivement engluĂ©e dans un socialisme affichĂ© ou rampant, installĂ©e dans une dĂ©testation du capital. Ce fut lâarchaĂŻsme dâEdith Cresson alors Premier ministre, dĂ©clarant « la Bourse, jâen ai rien Ă cirer ».
Aujourdâhui, avec son fameux « jâaime lâentreprise », Manuel Valls a « virĂ© sa cuti », contraint par les nouvelles rĂšgles Ă©conomiques mondiales.
La Calédonie ne peut, seule, du haut de son fragile piédestal, réfuter ce nouvel « ordre économique ». Aurait-elle pourtant cette prétention ?