Le gouvernement est pris dans une véritable tourmente. Le recours à une autre institution tout comme à une groupe de responsables institutionnels et politiques est lourd de conséquence pour un exécutif. Analyse.
La Calédonie s’oriente rapidement vers une paralysie générale et assiste à une véritable démonstration de force des rouleurs et des exploitants miniers, hors SMSP. Il ne semble pas y avoir de sortie possible sans une ouverture des exportations de latérites vers la Chine. Avant que des dérapages plus graves ne se produisent.
Dans cette affaire, le gouvernement a abattu toutes ses cartes, et une lettre aux calédoniens ne changera probablement pas grand chose. La réalité, c’est que personne ne donne un grand crédit à une prétendue obligation de ne pas vendre à des clients chinois imposée par le schéma minier. Un exemple unique dans la République où toute demande de nouveaux clients apparaît comme une chance économique … Le débat risque de tourner court car la solution va certainement échapper à l’Exécutif du territoire. Et sa crédibilité être très altérée.
La déclaration péremptoire et maladroite du Directeur financier de la SMSP n’a fait qu’aggraver les choses. Elle a simplement confirmé qu’au delà du prétexte schéma minier, l’interdiction de vendre à la Chine résultait d’un autre schéma : celui du développement de la Société Minière du Sud Pacifique.
En clair, ce développement doit supplanter toute autre croissance –ou survie- des autres sociétés minières. Pas moins.
Plus inquiétante est l’affirmation de ce responsable civil sur le « modèle économique ».
Toute société commerciale ou industrielle possède sa propre stratégie. Recherche de marchés, augmentation de la productivité ou encore, par exemple, innovation.
Qu’une société développe un « modèle économique » en cherchant à l’imposer à tout un pays est une autre affaire. Et qu’un cadre de société le clame haut et fort conduit à s’interroger sur le vrai rôle qui reste aux élus.
C’est en tout cas les exégèses auxquelles se livre toute la classe politique et une grande partie des entrepreneurs.
Beaucoup semblent avoir oublié que les rouleurs ont eux aussi un « modèle économique ». Il est celui de la libre entreprise, de la nécessité de travailler dur « pour gagner de l’argent ». Car la plupart des rouleurs sont des chefs d’une petite entreprise et doivent la gérer comme telle.
C’est pourquoi ce conflit met en relief ce qui était perceptible, mais pas encore étalé sur la place publique : un autre conflit, idéologique, celui là. Les dégâts, directs ou collatéraux, n’en seront que plus importants.