Les rouleurs représentent la première et la plus emblématique des TPE (très petite entreprise) minière. Ils ont propriétaire de leur outil de travail, ont acquis une forme de liberté d’entreprendre, et sont l’image, à la mine, de ce que le stockman est à l’élevage : Un genre de mythe.
Venus de tous les horizons, issus de toutes les ethnies, ils représentent encore une forme d’aventure dans un décor de western moderne. Entre le salaire de la peur et les routiers sont sympas.
Chez les rouleurs kanak, « rouler sur mine » constitue une des plus anciennes expériences de libre entreprise.
Chez les rouleurs, pas de certificat de maladie pour convenance personnelle. Comme tous les artisans et les tout petits entrepreneurs, le travail quotidien apporte le chiffre d’affaires et le salaire. Rouler est juste une question de vie, et dans les moments difficiles, de survie.
NOURRIR LA FAMILLE ET PAYER LES TRAITES
Aujourd’hui, leur revendication n’a rien de politique, même si la politique est la source de leur inquiétude. Pour eux, exporter du minerai et donc le transporter, c’est du travail. Les grandes stratégies, les pions qu’on avance pour imposer sa loi, les retours sur investissement qui se chiffrent par milliards, ce n’est pas leur préoccupation quotidienne. Parce bien avant, il faut nourrir la famille, assurer l’entretien et le fonctionnement du camion, et payer « les traites ».
Il existe donc un fort risque d’incompréhension entre les décideurs et eux. Cette incompréhension ne pourra être levée que si la réponse leur apporte du minerai à rouler. Or, une seule solution, pour l’heure, est sur la table : une diversification des marchés où des clients sont demandeurs : la Chine et encore, le Japon.
PARLER LE MÊME LANGAGE
Le parler français de Calédonie est un français régional, comme l’explique depuis longtemps Christine Pauleau, linguiste à la Faculté de Nanterre, et calédonienne. Il est fait du français « standard » et de mots d’ici : « le creek », « le stockman », « la station », « le gadin », et aussi « rouler sur mine ». Ainsi, dans les mines de charbon du nord et de l’est de la France, on ne roulait pas sur mine !
Si des décideurs et les rouleurs se parlent, mais ne se comprennent plus, le dialogue sera difficile à instaurer.
Et comme les rouleurs sont tels que décrits, et que leur détermination, accompagnée de poids lourds, peut être celle du désespoir, le conflit actuel peut progressivement et rapidement déraper.