CONFLIT ROULEURS ET PETITS MINEURS : RISQUE D’EXPLOSION !

Les rouleurs ne sont pas des rouleurs de mécanique. Ils représentant une corporation déterminée et qui travaille dur. Un contracteur gagne le plus souvent sa vie au jour le jour. Quand de surcroît il est endetté, il se bat pour sa survie. Commentaires.

Le conflit qui est en cours couvait depuis longtemps. En fait, depuis que la SMSP voulait imposer sa vision de stratégie minière en matière d’export : la disparition de l’exportation par des mineurs indépendants, l’exclusivité de l’exportation réservée au consortium SMSP-Posco au travers de la NMC, et la réorientation des envois de minerai vers des usines off-shore de la SMSP. En Corée du sud, bien sûr, et un jour probablement, en Chine où la SMSP a signé un accord avec le géant chinois Jinchuan.

LE QUOTIDIEN DES TRAVAILLEURS
imagesCette stratégie avait été confirmée au niveau politique du Palika. L’Union Calédonienne n’y est pas hostile. En clair, il s’agit, pour la collectivité nord, de prendre le contrôle total de l’ensemble de la filière minière. Y compris, en s’assurant la majorité à la SLN, détenteur de la moitié des titres miniers sur le territoire.

C’est une conception économique qui en vaut peut être bien une autre. Sauf que la Province nord vise à imposer à toute la Calédonie un modèle qui, à tout le moins, mérite d’être débattu. C’est en tout cas ce que clament haut et fort les détracteurs de ce modèle.

Or, au delà des grandes stratégies, il reste le quotidien des travailleurs. Sur la côte Est, la mine et le roulage sont les principales sources d’emploi. Après 25 ans de provincialisation, la situation n’a en effet guère évolué dans les villages comme dans les vallées. Bien moins en tout cas, que sur l’autre côte où Koné-Pouembout vit une révolution économique et urbanistique, et où, de Poya à Koumac, le développement est visible partout.

ENTRE CROISSANCE ET RÉGRESSION
Les petits mineurs vendent leurs latérites à Queensland Nickel, mais cette société, face à ses propres difficultés, à imposé à ses fournisseurs des conditions moins favorables non négociables. Ceux-ci ont trouvé une offre de débouché en Asie avec l’aide du trader … Glencore.

Aujourd’hui, le choix immédiat se situe donc entre la croissance et la régression. Mais le risque est d’alimenter des aciéristes chinois eux mêmes concurrents des métallurgistes calédoniens. Equation complexe.

LES ROULEURS : LE PEUPLE
Les rouleurs, eux, n’ont pas le loisir de se poser de grandes questions stratégiques. Il leur faut payer les traites des camions et assurer l’existence de leurs familles.

Ils forment une corporation qui s’est considérablement transformée au cours des vingt dernières années. Les mélanésiens y sont nombreux, aux côtés des européens, des asiatiques et des métis. Venant des tribus, des villages, des « stations », ils sont une vraie représentation de ce que l’on pourrait appeler, en dehors de tout caractère péjoratif, « le peuple ».

Ouvrir un conflit dur avec eux, c’est prendre un grand risque, en raison de cette caractéristique si particulière. Jacques Lafleur était, à leur égard, d’une extrême prudence. Il les connaissait bien, parce que lui même était petit mineur.

MAUVAIS ACCORD OU BON CONFLIT ?
A présent, la classe politique locale est bien ignorante de ces milieux, de leur mentalité, de leurs réactions possibles. Or les rouleurs sont probablement prêts à tout pour assurer leur survie.

Si la seule réponse, comme d’ailleurs dans le conflit de Gadji, était de solliciter l’Etat pour qu’il envoie ses gendarmes tenter de mettre au pas les récalcitrants, les conséquences directes et collatérales risqueraient d’être considérables.

Comme disait celui qui n’est au fond pas si sot : « un mauvais accord vaut souvent mieux qu’un « bon » conflit ».