La recomposition politique intervenue lors de l’élection du Président jeudi dernier, l’accord de vote exprimé entre le nouveau groupe des Républicains, l’isolement de l’UCF traduisent une nouvelle donne politique. Un nouveau Pacte, un nouveau CGS, un rapprochement éphémère ? Décryptage.
Un nouveau regroupement : les Républicains
Première strate de cette nouvelle donne : la formation au congrès –pour l’instant-, de l’émanation du nouveau parti créé sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy. Car c’est bien ainsi que les choses se présentent : ce groupe est une réunion, et non pas une « fusion-absorption » comme le prétendent ses adversaires. A preuve, les appartenances à leurs partis politiques respectifs de Sonia Backes et d’Isabelle Lafleur demeurent.
Mais qui peut douter qu’au delà du ou des simples groupes, une nouvelle dynamique d’union est en train de se créer ? Elle se place, non pas, sous le joug du Rassemblement, mais sous les auspices de Sarkozy et des Républicains. Peut être, un jour, si les vents deviennent trop mauvais pour l’ancien chef de l’Etat, de Juppé et … des Républicains.
La réalité, même pour le Rassemblement, est qu’une page est probablement en train de se tourner. Elle est générationnelle, certes, mais politique, surtout.
D’ailleurs, ceux qui crient à la trahison de Backes ou de Lafleur sont en grande partie ceux là même qui ont été pendant des années dans une seul maison : le RPCR …
L’isolement de l’UCF
Bien sûr, les leaders de l’UCF affirment haut et fort qu’ils ne sont pas isolés : seulement fidèles à leurs convictions et fidèles à leurs électeurs. C’est la loi du genre en pareille circonstance.
Mais c’est surtout un sentiment « anti-Frogier » qui les animent. Cela transpire dans les apparitions publiques ou sur les réseaux sociaux.
En particulier, la pierre d’achoppement est le fameux emblème de l’identité kanak, monté avec l’accord de Nicolas Sarkozy et la bénédiction de François Fillon alors Premier ministre. Pourtant … A la mairie de Nouméa, Jean Lèques était plus que tiède. C’est donc son premier adjoint, Gael Yanno, qui s’est chargé de hisser le drapeau kanak, puis de se rendre à Ouvéa pour la montée des deux drapeaux –et celle du drapeau de la République pour la première fois depuis 25 ans !- en compagnie du maire d’alors Maurice Tillewa.
Ainsi, aujourd’hui, les ex-UMP de l’UCF sont à double titre plutôt en rupture de ban avec Sarkozy. Et surtout, pas d’accord pour la constitution du groupe des Républicains, renonçant à une candidature à la Présidence du congrès, subissant une défection de dernière minute de l’étonnante Nicole Robineau, c’est pour eux davantage de l’isolement que du regroupement.
Pourtant, aucun partie ne peut se targuer d’avoir à lui seul une majorité dans les assemblées dominées par les loyalistes. Aussi, les élus de l’UCF peuvent jouer la charnière. Peut être plus à la Province sud, où Gil Brial fait partie d’un exécutif au trois quarts Calédonie Ensemble, et où Philippe Michel ne possède pas de majorité absolue. En tout cas, l’UCF est affaiblie. Mais elle n’a pas disparu.
Calédonie Ensemble-Républicains : un rapprochement … des points de vue
Outre « les suites
du Comité des Signataires », Calédonie Ensemble n’avait rien à gagner à tenter de prendre la Présidence du congrès, après celles de la Province sud, du gouvernement, et probablement du Conseil Economique et Social. L’hégémonie a tout de même des limites !
Magnanime, le parti de Philippe Gomes a voté pour les candidats des Républicains. Mais surtout, le Président de la première formation politique de Calédonie a exprimé à plusieurs reprises une convergence nouvelle entre son « referendum éclairé » et « le troisième Accord » de Pierre Frogier.
Suffisamment, en tout cas, pour que d’aucuns y voient « un genre de nouveau Pacte Républicain ». Et de craindre, chez les moins nombreux, de passer sous la férule du député de la deuxième circonscription.
La réalité semble plus subtile. Incontestablement, c’est un rapprochement des points de vue pour tenter de préparer de manière plus consensuelle, avec les indépendantistes et l’Etat, la sortie de l’Accord de Nouméa.
Pour le reste, point de rapprochement ni de convergence pour l’instant. Simplement cet appel de Thierry Santa, tout juste élu, à Philippe Germain pour que « l’esprit de dernier Comité des Signataires » souffle jusqu’au quatrième étage de l’immeuble du gouvernement.
Mais pour que ce satané ou providentiel esprit ne s’essouffle pas, il faudra parler conception de l’économie, stratégie nickel, rôle des entreprises, fiscalité, TVA, mesures de lutte contre la vie chère, équilibre des régimes sociaux, production locale. Sujets si chers aux calédoniens parce qu’il sont leur vie quotidienne, mais si divergents entre Calédonie Ensemble et les Républicains.
Et là, si après tout, en politique rien n’est impossible et qu’il faut au contraire rendre possible ce qui est nécessaire, « l’esprit » devra sacrément souffler…