Nickel calédonien : en 2015 maintien, fermetures ou ventes d’usines sur la sellette

« Tout va très bien, Madame la Marquise,
On déplore un tout petit rien :
Si l’écurie brûla, Madame,
C’est qu’le château était en flammes.
Mais, à part ça, Madame la Marquise
Tout va très bien, tout va très bien. 
»

1500 milliards FCFP
investis en 13 ans

L’économie de la Nouvelle-Calédonie est tirée vers le haut, notamment depuis le lancement de 3 grands chantiers industriels : l’extension de la production de la SLN engagée en 2000, puis la construction de l’usine de Goro deux ans plus tard et enfin la construction de l’usine de Koniambo.

A eux trois, ces investissements se montent à environ 1500 milliards FCFP, dont une partie importante a été dépensée en Nouvelle-Calédonie. Emplois directs sur les chantiers puis dans les usines, emplois indirects notamment au travers des sous-traitants, économie induite par les dépenses nouvelles des ménages liées à ces nouvelles activités ont depuis fait bondir l’activité économique du territoire.

Jusqu’en 2013, Nouvelle-Calédonie était la seule collectivité de France et de Navarre à afficher un nombre administrativement recensé de demandeurs d’emplois … inférieur au nombre d’offres d’emplois !

Ce bilan flatteur est pourtant sur la corde raide, en ce sens que plusieurs interrogations pèsent sur le devenir des usines de nickel. Des interrogations qui devraient trouver leur réponse en 2015.

Usines fermées, vendues
Ou pas ?


search-1
En ce qui concerne la SLN, en dépit d’un déficit persistant, les efforts d’amélioration de la compétitivité de l’entreprise portent leurs fruits. Ne manque que la nouvelle centrale de production électrique, et la plus ancienne unité métallurgique du territoire devrait passer le cap de l’année sans plus d’encombre.

Pour Koniambo, c’est le suspense. Après un investissement qui a bondi de 200 milliards FCFP initialement prévu à plus de 700 milliards aujourd’hui, les actionnaires s’interrogent. Pour répondre en effet aux nouveaux déboires –coûteux- des fours de l’usine, faut-il « remettre au pot », alors que le retour sur investissement est renvoyé aux calendes ?

search-2Glencore est avant tout une société financière, dont le but et de générer des profits. Ainsi va le monde économique d’aujourd’hui. L’investissement est certes colossal, Mais dans pour les 35.000 milliards CFP de capitalisation boursière de la compagnie, que pèse l’ablation d’un membre défaillant de 700 milliards ?

La réponse des actionnaires de Glencore est attendue, en sachant que ni la SMSP, ni la Province nord ne sont en mesure d’assumer tout ou partie de la dépenses de remise en état des fours. En clair : fermera, fermera pas ?

Pour l’usine du sud, la situation est différente, mais pas moins tendue. L’activité principale du géant brésilien est le fer. Or, le cours de ce métal s’est considérablement dégradé, perdant plus de la moitié de sa valeur.

La branche nickel de Vale, premier producteur mondial, comporte 16 unités pour lesquelles le mot d’ordre impératif est la profitabilité, et au pire, l’équilibre. L’usine calédonienne du sud est la seule déficitaire. Ses responsables ont donc reçu une instruction sous forme d’ultimatum en guise d’objectifs de production 2015 à 36 000 tonnes, puis en 2016, 60 000 tonnes.

searchLes décideurs brésiliens observent ainsi, sans état d’âme, la progression vers ces objectifs avec une date butoir : le 31 décembre 2015. Après un investissement qui, lui aussi, est passé de 200 milliards FCFP à plus de 700 milliards, des coûts de production plus élevés que partout ailleurs dans le monde, des relations avec les environnements humains et politiques cahoteux, les Brésiliens décideront du sort de l’unité métallurgique au vu de ces derniers résultats. En fin d’année.

Réponses d’ici
à la fin de l’année

L’Isee prévoyait qu’en phase de fonctionnement, les trois réalisations devraient générer un supplément de valeur ajoutée direct de près de 100 milliards par an au PIB calédonien. Si l’on y agglomère les effets indirects et induits, l’impact d’un récession ou pire, d’une crise, serait considérable, pour ne pas dire fatal, sur la situation économique locale.

Alors que les politiques au pouvoir passent une bonne partie de leur temps à se déchirer, que la situation sociale connaît quelques points chauds, que les économies de complément au nickel sont quasiment en panne, la Calédonie est en suspens, sur une corde raide. Jusqu’à la fin de cette année.

En est-elle vraiment consciente ?